Le travail sur l’écologie trophique a montré

la dominance du poisson dans le régime alimentaire des deux espèces

, la plus grande diversité de proies chez le requin tigre et l’importance des déchets de pêche ou de poissonneries ainsi que d’organismes d’origine terrestre dans le régime alimentaire du requin tigre. La présence de ces déchets en quantité non-négligeable ( 20% des restes alimentaires chez le requin tigre) pose question quant à leur origine et leur rôle éventuel favorisant la fixation des requins proche des côtes. La présence de déchets et d’animaux terrestres a été également observée en Afrique du Sud dans une étude récente chez le requin tigre et souligne ainsi le rôle de cette espèce dans les écosystèmes marins côtiers. Un travail de sensibilisation à la gestion des déchets doit être menée auprès de la population réunionnaise afin de limiter ces apports en zone côtière car, au-delà du risque requin, ils peuvent poser des problèmes de santé publique.

A partir de l’étude du développement et de la maturation des gonades,

les tailles à maturité ont été déterminées chez les deux espèces pour les deux sexes

. Elles seraient d’environ 2,30m et 2,55m pour les mâles et les femelles chez le requin bouledogue. Elles seraient de 2,80m et 3,36m pour les mâles et les femelles de requin tigre. Ces résultats sont conformes aux tailles estimées pour les deux espèces en Afrique du Sud, mais elles sont supérieures pour les requins bouledogue à ce qui est observé dans le Golfe du Mexique.

En complément, l’étude des embryons issus des femelles gestantes combinée à celle des gonades ont permis de proposer

le cycle de reproduction des deux espèces à La Réunion

. Ainsi l’accouplement aurait lieu en fin d’hiver austral chez le requin bouledogue, la gestation débuterait 2 mois après l’accouplement après une phase de stockage du sperme, et la mise bas aurait lieu entre la fin de l’hiver et le début de l’été, après 11 mois de gestation. Chez le requin tigre, la période d’accouplement aurait lieu en hiver austral autour du mois de juin, puis le début de la gestion en octobre et la période de mise bas au lieu en été austral après 16 mois de gestation.

Ces résultats ont été produits à partir d’un nombre réduit d’individus et nécessite d’être confirmés.

L’analyse des marqueurs génétiques développés à La Réunion

précédemment dans le cadre du programme CHARC 2011-2014 suggère une forte connectivité entre les individus des populations de requin tigre et bouledogue à La Réunion et celles de l’indo-pacifique. Plus précisément, la différenciation génétique se fait à l’échelle des bassins océaniques pour le requin bouledogue, ce qui indique de la connectivité entre les requins bouledogue de La Réunion et d’autres sites du sud-ouest de l’océan Indien et les côtes orientales et australes de l’Afrique. Pour le requin tigre, il existerait une population mondiale présentant peu de différentiation, ce qui confirme les résultats d’une étude récente conduite sur d’autres sites que ceux étudiés dans le cadre d’EcoReCo-Run.

Enfin,

les premières données sur les paramètres démographiques

, les relations biométriques entre la taille et la masse corporelle des individus sont similaires à ceux observés en Afrique du Sud. Ces traits démographiques similaires renforcent l’idée d’une connexion forte entre individus de La Réunion et d’Afrique du Sud.

La poursuite des travaux dans le cadre du projet EURRAICA (Etude des requins et des raies des côtes réunionnaises) engagé depuis septembre 2017 permettra de renforcer ces résultats et d’affiner les connaissances sur la biologie et l’écologie des deux espèces. Ces éléments sont nécessaires afin d’aider à mieux réduire le risque requin à La Réunion en connaissant mieux les caractéristiques biologiques et écologiques de ces deux espèces, mais aussi de mieux comprendre leurs place et rôle dans les écosystèmes marins côtiers de La Réunion.